Minibiographie
Annabella Couto da Silva est née à Montréal au Québec en 1976 de parents açoriens. D’eux elle hérite l’amour de la langue et de la culture portugaise ainsi que les valeurs morales et religieuses portugaises. Annabela a toujours étudié et travaillé à mi-temps pour payer ses études. Aujourd’hui elle travaille à la banque Laurentienne et elle a l’intention de commencer un nouveau cursus pour obtenir un certificat en gestion de ressources humaines. C’est grâce à la Maison des Açores et plus particulièrement au comité «Arte e Cultura» quelle a appris ce qui devenu pour elle une nouvelle forme d’expression: la peinture. Optimiste, elle sait que le futur de la communauté portugaise passe par l’ouverture aux peuples lusophones.
Je mappelle Anabella Couto da Silva. Je suis née au Canada, Québec, Montréal en 1976. Mes parents sont portugais.
Portugais-açorien, Açorien-portugais, cest pareil
Présentement je me dirais plus portugaise, avec un petit sentiment dappartenance pour le Québec. Mais si je devais choisir entre ces identités-là, je choisirais plutôt la portugaise. Depuis toute petite, mes parents ont toujours voulu mintégrer dans la culture portugaise et, dernièrement, jessaie de mintégrer de plus en plus dans les milieux communautaires portugais.
Est-ce que je me sens plus açorienne ou portugaise? Cest comme si on me demandait si je me sens plus québécoise ou canadienne... Mes parents viennent de lile de Faial. Mais je nai jamais senti cette différence de l’accent entre les Portugais et les Açoriens, peut-être parce que je ne parle pas comme les personnes de São Miguel et que jai laccent du Faial. Je me sens açorienne et portugaise. Daccord, les Açores, cest une région autonome, on a notre gouvernement, on est capable de se gouverner nous-mêmes. Mais, au départ, on parle la même langue: portugais-açorien, açorien-portugais, cest pareil.
Habitudes
Un code de vie à suivre
Jadore la...
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Annabella Couto da Silva est née à Montréal au Québec en 1976 de parents açoriens. D’eux elle hérite l’amour de la langue et de la culture portugaise ainsi que les valeurs morales et religieuses portugaises. Annabela a toujours étudié et travaillé à mi-temps pour payer ses études. Aujourd’hui elle travaille à la banque Laurentienne et elle a l’intention de commencer un nouveau cursus pour obtenir un certificat en gestion de ressources humaines. C’est grâce à la Maison des Açores et plus particulièrement au comité «Arte e Cultura» quelle a appris ce qui devenu pour elle une nouvelle forme d’expression: la peinture. Optimiste, elle sait que le futur de la communauté portugaise passe par l’ouverture aux peuples lusophones.
Je mappelle Anabella Couto da Silva. Je suis née au Canada, Québec, Montréal en 1976. Mes parents sont portugais.
Portugais-açorien, Açorien-portugais, cest pareil
Présentement je me dirais plus portugaise, avec un petit sentiment dappartenance pour le Québec. Mais si je devais choisir entre ces identités-là, je choisirais plutôt la portugaise. Depuis toute petite, mes parents ont toujours voulu mintégrer dans la culture portugaise et, dernièrement, jessaie de mintégrer de plus en plus dans les milieux communautaires portugais.
Est-ce que je me sens plus açorienne ou portugaise? Cest comme si on me demandait si je me sens plus québécoise ou canadienne... Mes parents viennent de lile de Faial. Mais je nai jamais senti cette différence de l’accent entre les Portugais et les Açoriens, peut-être parce que je ne parle pas comme les personnes de São Miguel et que jai laccent du Faial. Je me sens açorienne et portugaise. Daccord, les Açores, cest une région autonome, on a notre gouvernement, on est capable de se gouverner nous-mêmes. Mais, au départ, on parle la même langue: portugais-açorien, açorien-portugais, cest pareil.
Habitudes
Un code de vie à suivre
Jadore la langue et les traditions portugaises, les bons "Bacalhaus" et les "feijoadas".
Je trouve que les Portugais sont très forts dans ce qui est valeurs morales. Cest peut-être ça qui ma beaucoup touché. Cest comme un code de vie à suivre. Et moi, il faut toujours que je sois encadrée.
Je voudrais transmettre à mes enfants ce code moral et léducation que jai reçue. Etant donné que je suis portugaise, née de parents portugais, je trouve quil est important que les enfants connaissent leurs origines, même sils sont nés dans un autre pays que le nôtre
Mais parfois les parents sont trop "straight". Certains Portugais de la génération de mes parents nont pas douverture desprit. Ils sont fermés et ne veulent pas comprendre leurs enfants. Par exemple, si on connait un grand amour avant le mariage, pour eux, cest pas bien, cest pas ci, cest pas ça...
Au Portugal il y a une camaraderie
Jai déjà été deux fois au Portugal, en 1989 et en 1991. Et jai vu quil y avait une grande différence entre le Portugal et la communauté portugaise de Montréal. On dira:
- Oh, il ne faut pas généraliser.
Mais je trouve que le Portugal est beaucoup plus évolué que notre communauté. Cest comme si elle était encore en 1950 - 1960, à lépoque où elle a émigré. Quand je vais au Portugal, il marrive même de penser:
- Mon Dieu, ils font ça Nous, on a pas le droit On serait mal vu
Au Portugal il y a une camaraderie. Les Portugais, pour travailler, sont imbattables, tout le monde le sait. Pourtant, pour un rien, on invite les amis à la maison, on fait la fête. Un jour, au Portugal, au beau milieu de la semaine, je vois ma grand-mère en train de faire la popote, et je lui dis:
- Mais grand-maman, on est mercredi, tu reçois du monde?
- Oh oui cest tes cousins qui viennent manger, comme ça.
- En plein mercredi???
Cest cette joie de vivre qui manque au Québec. Ici, si on invite le monde, on est plus portés vers la fin de semaine. On est plus rendus dans notre petit monde, notre travail. Il faut se lever tôt, il faut de largent pour économiser. Non, je ne peux pas dire que cest comme au Portugal.
Ma langue maternelle
Jadore le portugais, cest ma langue maternelle. Je le parle avec mes parents. Avec mes frères, cest mélangé français/portugais. Avec mon copain et sa famille je parle surtout en portugais. Je ne parle pas tous les jours en français, mais je ne me dis jamais : "Oh, il faut que je parle en portugais", ça vient tout seul. Il y a des choses que jexprime mieux en portugais quen français, ou vice-versa.
Si un jour jai des enfants, jaimerais leur apprendre le portugais. Il faut quils connaissent leurs origines, quils ne les oublient pas. Et puis, dans le monde où lon vit, plus on parle de langues, mieux cest Il ne faut pas oublier que le portugais est la cinquième langue la plus parlée dans le monde. Pour eux une langue de plus, cest un avantage. Ça ne peut pas faire de mal
Je nai pas fréquenté lécole portugaise, mais par contre, jai eu des cours de PELO (Programme denseignement des langues dorigines) au primaire. Javais hâte que les cours finissent pour quon aille au cours de PELO, en soirée. Jaimais ça.
Avec mes parents, jai beaucoup appris le portugais. Je lis et jécris en portugais. Je me rappelle aussi dun épisode qui sest passé au Portugal. Mon frère et moi, on voyait nos oncles pour la première fois. Ma tante qui était un peu dans le milieu littéraire sétonnait quon lui sorte les grands écrivains et les grands poètes portugais. Elle disait:
- Comment ça se fait que des Canadiens savent ça? Cest pas possible
Pour mon père cétait comme une obligation, mieux encore, un devoir de nous donner ce bagage culturel. Cest pour ça que, comparée à dautres qui ont été à lécole portugaise, jai peut-être une culture portugaise plus élaborée et je connais un peu plus de littérature, de poésie, etc.
Loisirs
Une passion pour les films des années 30-50
Jaime beaucoup la musique classique et la musique latine, surtout les balades mexicaines. Jaime aussi le Fado, mais tout dépend lequel.
En littérature... Mon Dieu, je lis tout ce qui me passe par la main: plutôt la littérature française et, une fois de temps en temps, la littérature américaine. Mes auteurs préférés sont Baudelaire, Apollinaire, Victor Hugo, Émile Zola... Plutôt les auteurs du XIXe siècle, les impressionnistes, les romantiques...Dans les auteurs plus contemporains, jadore Jeanne Bourin et les romans sur le moyen-âge. Je suis dingue des romans historiques.
En littérature portugaise, jai lu Luís de Camões, Camilo Castelo Branco - "Amor de perdição", Gil Vicente - "Auto da Barca" et dautres...À la maison, on possédait beaucoup de documents historiques sur le Portugal et sur la culture açorienne.
Jai une passion pour les films des années 30-50, surtout les films portugais. Jai beaucoup aimé les grands acteurs de ce temps-là: António Silva, Vasco Santana, Ribeirinho; ces films en noir et blanc: "O pátio das cantigas", "A aldeia da roupa branca", etc. Ces films portugais drôles et comiques, je les ai tous vus et je pourrais revoir ça des milliers de fois. Je les adore.
“Je fais partir du comité ‘Arte e Cultura’”
Je suis très impliquée dans la communauté portugaise. A la "Casa dos Açores", je fais partie du comité "Arte e Cultura". Je suis dans les cours de peinture, je fais des peintures à lhuile. Si dona Mercedes dos Reis, notre professeur, navait pas fait ce comité (sur une idée de Emanuel Martins), je ne saurais pas peindre aujourdhui. Au départ, cest parce que je fais partie de ce comité que je peux faire ce que jaime. Jai aussi dirigé un petit théâtre amateur avec Emanuel Martins. Jaide de temps en temps la communauté, quand je peux et quon me le demande. Et puis je fais partie de la chorale, à léglise portugaise.
“Jai plutôt des amis québécois”
Jai plutôt des amis québécois. Par contre, ma meilleure amie - la soeur de mon copain, cest une Portugaise. Je dois dire que malgré sa culture et son éducation, cest une personne très ouverte.
Il y a des Québécois qui naiment pas les immigrants, ils pensent que les Portugais viennent voler leurs emplois, mais ce nest pas le genre de mes amis. De toute façon, je ne mobstinerais pas avec du monde comme ça.
Éducation
“Quelquun qui a un Bac, cest un ‘doutor’”
Jai fait mon DEC en sciences humaines, profil monde: tout ce qui est politique et histoire. Après, jai eu un autre DEC en Archivage. Présentement, je travaille pour la banque Laurentienne dans les prêts marchands au crédit et jai lintention de faire un certificat en gestion de ressources humaines. Jattends juste que la banque me donne le feu vert. Jai toujours travaillé à temps partiel pendant que jétudiais. Cest ainsi que jai réussi à payer mon Cégep, mes livres et tout. Mes parents mont toujours poussée, mon père surtout. Pour lui, cest les études dabord. Son rêve, cest que je devienne avocate et moi je veux devenir prof dhistoire. Tout cela pour finir dans une banque en gestion de ressources humaines Faut le faire
Mon père a eu un peu de réticence quand jai choisi Sciences humaines, mais il ne me disait pas:
- Il faut que tu fasses ça.
Il a été content quand la lettre du Cégep est arrivée pour dire que jétais acceptée. Son rêve, cétait quune de ses fille arrive à avoir un diplôme universitaire. Ils sont très ancrés là-dessus. Je crois que cest parce que lui ne la pas eu . Au Portugal, quelquun qui a un Bac, cest un "doutor"
Migration
Un peuple fort qui s’intègre
La communauté est bien intégrée, même si elle a un peu gardé sa vieille mentalité. Mais je nai jamais entendu dire que les Québécois et les Portugais ne sentendaient pas. La preuve est quil y a des union entre eux.
Le Québec a ouvert ses portes aux Portugais, parce que la majorité du monde est venue dans le régime de Salazar, avant le 25 avril. Les immigrants qui sont arrivés en 60, 70 ont travaillé énormément. Mais, aujourdhui, on voit le fruit de leurs efforts. Ils ont une voiture, une maison, choses que dans le temps, au Portugal, ils nauraient pas pu avoir.
Les Portugais ont apporté aux Québécois leur main doeuvre, mais aussi leur culture. On est une richesse, un peuple fort qui sintègre, qui ne pose pas de problème. Souvent ceux qui nous gouvernent viennent aux fêtes et voient comment on agit et comment on vit. Comme en France, le Québec peut devenir cosmopolite. Je trouve que cest une richesse
Certaines personnes disent quun Québécois est toujours plus porté à se tourner les pouces alors quun Portugais veut toujours travailler. Si lon parle des personnes de 40- 50 ans, cest vrai. Mais je suis à part égale avec les Québécois de mon âge, 26 ans.
Il y a peut-être aussi quelques valeurs qui sont différentes. Le Portugais sera plus porté à aller à léglise, alors que le Québécois devient plus athée.
Je nai jamais été une révolutionnaire et je ne men vais pas changer. Mais je trouve que les jeunes ont une place dans la communauté portugaise. Dans la Maison des Açores, par exemple, on a un groupe folklorique composé, au départ, que de jeunes. La directrice a 18 ans. Mais tout dépend des institutions. Ceux qui sont ouverts desprit vont vouloir encourager les jeunes et ceux qui sont restés dans la vieille mentalité vont dire:
- Oh, ils sont trop jeunes, ils ne savent pas de quoi ils parlent.
Il y a des gens qui naiment pas le changement. Mais si les jeunes foncent, sil y a un groupe qui vient et qui dit:
- On veut faire ça dans la communauté.
Je crois quon ne dirait pas non. Mais tout est là, est-ce que les jeunes veulent vraiment simpliquer dans la communauté? Parce que, des fois, au premier obstacle, ils disent :
- Oh, ça ne marchera pas.
Etant donné que le Portugal a évolué, ça métonnerait quil y ait beaucoup de Portugais qui veuillent immigrer ici. Mais je ne dirais pas que la communauté est "en déclin", comme pour lempire romain. Ce serait vraiment comme dire:
- Ya plus despoir.
Mais il faut voir la réalité en face: plus le temps avance et moins les jeunes voudront sintégrer dans la communauté. Est-ce quils sont prêts à faire la même chose que nos parents, nos grands-parents et nos arrière-grands-parents? Est-ce quils sont prêts à faire la parade du "Santo Cristo", celle du Saint Esprit, etc? Est-ce quils sont capables de vivre cette ferveur portugaise? Ou pour eux cest de la foutaise, ça ne sert à rien?
Etant donné quil y a un vieillissement de la communauté, ça serait bien quon puisse mettre ensemble les lusophones. La langue portugaise, cest pas seulement le Portugal, cest aussi lAngola, le Mozambique, le Brésil et tout ça. Le Portugal a colonisé les pays africains, le Brésil...Mais eux aussi ont leur propre culture et ça serait bien quon puisse la connaître. Moi, je suis très ouverte au fait quon puisse voir dautres cultures, dautres valeurs, dautres modes de vie, parce que je suis une passionnée dhistoire.
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