P - Bonjour. Je vous demande dabord votre nom, le lieu et la date de naissance et lorganisation avec qui vous travaillez et votre rôle.
R - Oui, je mappelle Djouzo Epse Tchatchouang. Tchatchouang cest mon mari et je suis née le 12 septembre 1950 à Bameka. Je réside à Yaoundé. Je suis marié...Continuar leitura
P - Bonjour. Je vous demande dabord votre nom, le lieu et la date de naissance et lorganisation avec qui vous travaillez et votre rôle.
R - Oui, je mappelle Djouzo Epse Tchatchouang. Tchatchouang cest mon mari et je suis née le 12 septembre 1950 à Bameka. Je réside à Yaoundé. Je suis mariée. Mère de quatre enfants. Grand-mère, si vous voulez. Et je travaille, je suis avec le Réseau national des Habitants du Cameroun depuis 2000. Depuis 2007 jai été nommée comme responsable des luttes du chantier genre dans le Réseau urbain. Je moccupe spécifiquement des femmes, des problèmes des femmes urbaines dans le chantier genre. Parce que il y a le champ, dans le réseau, il y a les femmes urbaines et il y a les femmes rurales. Et par ailleurs, on a aussi un autre volet, le volet entreprenariat, qui est aussi occupé par une autre responsable. Dans le volet genre, que joccupe dans le réseau, nous essayons de faire les plaidoyers sur les droits de la femme, sur le droit au logement social. Précisément, au Cameroun, les femmes nont pas droit, navaient pas droit. Cest maintenant que ça commence à venir. Navaient pas droit au terrain. Même étant mariée, le terrain reste au nom de lhomme, cest lhomme qui coordonnait tout. Et actuellement, avec la crise qui sest imposée, les femmes de plus en plus prennent les charges des responsabilités, mènent des activités régénératrices des revenus. Et lexpérience a prouvé que partout où vous passez, pour avoir accès au financement, on vous demande une garantie. Et nous, les femmes, étant donné que la plupart de temps tout était mené par lhomme, on se retrouve sans garantie, même après avoir travaillé toute la vie. Parce que nos travaux sont souvent sous-estimés et nous ne savons pas revaloriser nos travaux. Mais avec la crise qui sest imposée et avec linflation, nous sommes obligées maintenant de mener des activités qui régénèrent les revenus. Et il faut avoir accès aux financements qui nos obligent à avoir une garantie. Dans le réseau nous essayons de tout faire pour que les femmes sachent quels sont leurs droits et leurs devoirs, quels sont leurs possibilités, comment une femme peut faire pour être en possession dun instrument qui peut lui permettre davoir accès au financement, comment la femme peut sautonomiser. Parce que tout ce que la femme fait, cest des petits métiers. On a toujours qualifié ce que la femme fait en petit, en microfinance. Alors que nous sommes capables davoir accès aussi au macro. Nous sommes en train de tout faire pour que les femmes du réseau commencent à sortir de leurs coquilles, quelles sachent quelles ont aussi des potentiels, autant que les hommes, que peuvent mettre en valeur ce quelles ont au profit des autres. En accédant aussi aux postes de responsabilité. Parce que actuellement nous sommes buttées par ça. Et nous souhaitons quon nous permette avoir accès aux plaidoyers quon fait, quon nous forme dans les plaidoyers pour avoir accès à toutes les possibilités, à tout ce qui nous est ouvert.
P - Je vous demande peut-être de rentrer un peu plus sur les formes de sorganiser et sur les actions quon a développé les derniers temps.
R - Oui. Actuellement, dans le Réseau, nous développons, par exemple, les mutuelles de crédit, de microfinance. Nous essayons dorganiser des séances de plaidoyers pour lobtention de titres fonciers. Nous nous formons en coopérative dhabitat, parce quil faut que les femmes et les jeunes soient à la hauteur, bénéficient de ces financements pour des logements sociaux. Parce que sont des femmes et des jeunes qui souffrent beaucoup plus pour lobtention des micro-crédits. Nous nous organisons en coopérative, en mutuelle et même la mutuelle de santé. Nous avons déjà quelques mutuelles de santé et les coopératives dhabitat. Nous voulons multiplier les coopératives dhabitat et surtout des mutuelles dirigées beaucoup plus par les femmes et les jeunes. Parce que cest notre cible. Donc, voilà à peu près des projets que nous avons sur la main actuellement.
P - Pour faire ça, est-ce que vous avez des activités, des initiatives de formation, des espaces de formation?
R - Oui. Le Réseau national e l’Assoal [Actions solidaires de soutien aux organisations et d’appui aux libertés] mettent à notre disposition un certain nombre despaces. Plus nous nous formons, plus nous acquérons des connaissances pour pouvoir faire le lobbying. Donc, une formation nest jamais de trop. Plus nous savons ce qui se passe ailleurs, mieux nous nous organisons et mieux nous avançons dans la lutte.
P - Quel type de formation on fait avec les femmes?
R - Nous avons suivi plein de formations, Assoal et le Réseau nous soumettent dans plein de formations, sur le budget participatif, parce que les femmes aussi doivent prendre de lespace dans les politiques publiques locales, sur le logement, sur les mutuelles de santé, et sur le lobbying, parce que notre cheval de bataille cest le lobbying. Nous réclamons. Et pour réclamer, il faut déjà savoir ce qui nous appartient. Nous devons réclamer ce qui nous appartient.
P - Et en niveau internationale, ce sont lesquels votres espoirs, votre objectif dans les réseaux internationaux et peut-être dans une assemblée mondiale des habitants?
R - Tout faire pour que les femmes aient un logement décent. Femmes et jeunes. Donc, notre lobbying cest lhabitat. Parce que dans les villes, la plupart de temps, les femmes achètent des terrains non titrés qui demain sont rasés par les mairies. Si vous nous permettez davoir un logement social décent, je pense que dici dix ans, nous nallons pas subir ce qui se passe actuellement au Cameroun. Pour y accéder, il faut déjà que nous ayons ces conditions d’acheter des terrains titrés. Celles qui ont déjà du terrain, nous les aidons à titrer leurs terrains. Mais ce sont ces terrains non titrés que nous avons accès facilement, parce que pour nous il suffit des terrains de 100 mètres carrés pour bricoler un petit truc et loger la famille. Mais nous ne voulons plus être détruits. Nous voulons des logements décents.
P - Et votre apprentissage personnel dans ce type dinitiative, tous ces projets, cest lequel?
R - Je me forme au même temps que les autres. Nous nous formons, parce que cest une nouvelle activité qui est en train de sinstaller et nous devons suivre lévolution. Mon expérience personnelle cest que jai eu la chance dacheter toujours les terrains titrés. Mais les trois quarts qui nont pas eu cette possibilité se retrouvent dans les terrains non. Donc, mon expérience, avant les formations, cest de demander à tous et à chacun quavant dacheter un terrain quil aille dabord au cadastre voir si le terrain est titré. Parce que le même terrain, à Yaoundé par exemple, est vendu à plusieurs personnes. Mais si le terrain est titré, il ne peut pas être vendu à plusieurs personnes. Mon apport actuel, cest de dire aux femmes de ne plus acheter des terrains non titrés. Parce que même les déguepissements en question ne ciblent surtout que des terrains non titrés. Parce quon construit tantôt sur la route, tantôt sur des espaces vides et des espaces verts... On na aucun plan. Mais au cadastre, les terrains titrés ont des plans de localisation. Et vous pouvez même voir si le terrain déjà a été vendu à une autre personne. Nous voulons susciter les vendeurs du terrain, nous voulons les accompagner dans la recherche du titre foncier sur leurs propres terrains dabord, avant de commencer à les vendre. Nous accompagnons ces villageois dans lobtention du titre foncier. Et ceux qui ont déjà acheté les terrains non titrés, nous les accompagnons aussi pour lobtention du titre foncier sur leurs terrains. Cest un peu comme ça que nous essayons de travailler. Parfois des terrains non titrés regorgent plusieurs personnes et nous essayons de les rassembler pour faire un titre, un titre collectif au nom de tous les bénéficiaires et ce nest quà partir de ça que chacun pourra vendre son morceau. Cest un peu ce que nous faisons dans le Réseau. On a déjà accompagné plusieurs personnes dans ce système. Et ça apporte fruits. Parce que la plupart du temps le gens ne savent même pas la composition dun dossier de titre foncier. Les gens ne savent même pas que faire un titre foncier est nécessaire. Il y a lignorance. Et chez nous, par exemple, il y a linformation, il y a les agents communaux qui ne vous livrent pas linformation. Il y a même des vendeurs de terrain qui ne vous livrent pas effectivement linformation. Parce que leur objectif, cest de vite vendre le terrain, surtout quand le terrain est litigieux, ils veulent vite vendre le terrain et puis ils se débarrassent. Nous avons beaucoup de difficultés à tous les niveaux. Les mairies confisquent linformation. Maintenant le travail que nous abattons cest de faciliter lobtention dun titre foncier. Nous accompagnons, dans des quartiers, des gens à avoir leurs titres fonciers. Et on fait un plaidoyer pour que le titre foncier soit le moins pénible possible. Quil ny ait plutôt des difficultés, parce quobtenir un titre foncier avant à Yaoundé nétait pas aussi facile. Donc voilà un peu le travail que nous faisons dans des quartiers. On sensibilise des gens, on a des universités citoyennes pour former les gens. Quels sont vos droits? Comment vous pouvez accéder à un titre, comment vous pouvez construire, voire urbaniser les quartiers? Parce que les gens ne savent pas quand même que dans les quartiers vous pouvez avoir une servitude. Tout ça, cest lignorance. Cest le travail que nous essayons de faire dans les quartiers. On organise les séances de sensibilisation... Cest le rôle de luniversité citoyenne.
P - Et comment et pourquoi vous vous êtes impliquée dans ce type de travail, comment vous avez commencé à travailler avec Assoal et le Réseau?
R - Oui. Avant daller à Assoal, jappartenais dabord à une organisation. Jai aimé le social depuis mon enfance. Et jai même créé mon association qui est membre du Réseau national des habitants. Cest là-dedans que jai acquis aussi beaucoup de connaissances avec toutes ces formations. Et mon association est membre dAssoal et dans Assoal jai eu la chance dêtre nommée comme responsable du chantier genre. Cest pour ça que au départ jai eu quand même une petite expérience et jessaie donc daccompagner les femmes dans le Réseau national. Parce quen dehors même du Réseau, jai souvent la chance de participer aux forums, aux différents forums mondiales sur les droits de la femme. Là-dedans, je reparle des droits de la femme et je les accompagne dans leur droit au logement et droit à léconomie. Je forme dans des petits métiers artisans, des petits métiers couture, peinture, coiffure... Je permets aux femmes de surtout employer. Je ne fais quappuyer, augmenter ma profession à Assoal. Et aider les femmes dAssoal à surtout employer.
P - Merci beaucoup.Recolher